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les mille nuits et une nuit

regarda d’un air détaché et la passa nonchalamment à son doigt. Puis elle dit : « On dirait qu’elle a été faite pour mon doigt ! Regarde comme elle me va bien ! » Et le joaillier répondit : « Vivent les doigts des houris ! Par Allah, ô ma maîtresse, le propriétaire de cette bague est doué de générosité et de prévenance, et dès demain je le prierai de me la vendre à n’importe quel prix, et je te l’apporterai ! »

Pendant ce temps-là, Kamar était allé rendre compte à l’épouse du barbier de la manière dont il avait agi, selon ses instructions ; et il lui remit cent pièces d’or en cadeau pour le barbier, ce pauvre ! Et il demanda à sa protectrice ce qui lui restait à faire. Et elle lui dit : « Voici ! Lorsque tu verras le joaillier, ne prends pas la bague qu’il t’aura faite. Mais feins qu’elle est trop étroite pour ton doigt et fais-en lui cadeau ; et présente-lui une autre gemme beaucoup plus belle que la première, de celles qui valent sept cents dinars pièce, et dis-lui de te la monter d’une façon soignée. En même temps, donne-lui soixante dinars d’or pour lui, et deux pour chacun de ses ouvriers, comme gratification. Et n’oublie pas non plus les mendiants de la porte. Et, ce faisant, les choses tourneront à ta satisfaction. Et n’oublie pas, ô fils, de revenir me rendre compte de l’affaire, et d’apporter avec toi quelque chose pour mon époux le barbier, ce pauvre ! » Et Kamar répondit : « J’écoute et j’obéis ! »

Il sortit donc de chez la femme du barbier, et, le lendemain, il ne manqua pas d’aller trouver au souk le joaillier Osta-Obeid qui, sitôt qu’il l’eut aperçu, se leva en son honneur et, après les salams et com-