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les mille nuits et une nuit

lui dit : « Ô maître, je souhaite vivement que tu me fasses, pour cette gemme, une monture digne de tes capacités, mais de la manière la plus simple et du poids d’un miskal, sans plus ! » Et il lui remit en même temps vingt pièces d’or, en disant : « Ceci, ô maître, n’est qu’une faible avance sur ce dont je compte rémunérer le travail que tu me feras ! » Et il remit également une pièce d’or à chacun des nombreux apprentis, en guise d’entrée, et aussi à chacun des nombreux mendiants qui avaient fait leur apparition dans la rue dès qu’ils avaient vu entrer dans la boutique le jeune étranger somptueusement habillé. Et, s’étant comporté de cette façon-là, il se retira en laissant tout ce monde émerveillé de sa libéralité, de sa beauté et de ses manières distinguées.

Quant à Osta-Obeid, il ne voulut point apporter le moindre retard à la confection de la bague, et, comme il était doué d’une dextérité extraordinaire, et qu’il avait à sa disposition des moyens que nul autre joaillier au monde ne possédait, il la commença et la termina, toute ciselée et nettoyée, à la fin de sa journée. Et, comme le jeune Kamar ne devait revenir que le lendemain, il la prit avec lui, le soir, pour la montrer à son épouse, l’adolescente en question, tant il en trouvait merveilleuse la pierre, et d’une eau limpide à donner envie de s’en mouiller la bouche.

Lorsque l’adolescente, épouse d’Osta-Obeid, eut vu la bague, elle la trouva bien belle et demanda : « Pour qui ? » Il répondit : « Pour un jeune homme étranger qui est plus éblouissant, et de beaucoup, que cette merveilleuse gemme. Sache, en effet, que