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restent ouvertes lors du passage de mon cortège ! Et tout le monde, grands et petits, ira se cacher dans les mosquées dont on refermera les portes, afin que personne ne puisse passer sa tête et regarder ! »

» Alors le joaillier Obeid alla trouver le roi et, extrêmement confus, lui fit part du souhait de son épouse. Et le roi dit : « Il n’y a pas d’inconvénient ! » Et il fit aussitôt proclamer par les crieurs publics, à travers toute la ville, l’ordre aux habitants de laisser leurs boutiques ouvertes, tous les vendredis, deux heures avant la prière, et d’aller se cacher dans les mosquées et de se bien garder de montrer dans les rues leurs têtes, sous peine de les voir sauter de leurs épaules. Et il leur fit signifier qu’ils eussent à enfermer les chiens et les chats, les ânes et les chameaux, et toutes les bêtes de somme qui pourraient circuler dans les souks.

» Et depuis ce temps-là, l’épouse du joaillier se promène ainsi tous les vendredis, deux heures avant la prière de midi, sans que ni homme, ni chien, ni chat ose se montrer dans les rues. Et c’est elle-même, précisément, ya sidi Kamar, que tu as vue ce matin, dans sa beauté surnaturelle, vraiment, au milieu de son cortège d’adolescentes, précédée de la jeune esclave tenant le sabre nu pour trancher la tête de quiconque aurait osé la regarder passer ! »

Et l’épouse du barbier, ayant ainsi raconté à Kamar ce qu’il voulait savoir, se tut un moment, l’observa en souriant et ajouta : « Mais je vois bien, ô propriétaire du visage charmant, ô mon maître béni, que ce récit ne te suffit pas, et que tu désires