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les mille nuits et une nuit

« Glorifié soit Allah qui fait arriver mon jour avant son temps ! J’ai, en effet, un souhait à formuler et une idée, singulière il est vrai, à mettre à exécution ! Nous sommes déjà, grâce aux bienfaits d’Allah et à la prospérité de tes affaires, riches et à l’abri du besoin pour le reste de nos jours. Nous n’avons donc rien à désirer de ce côté-là, et le souhait que je veux satisfaire ne coûtera pas un drachme au trésor du règne. Voici ! Va demander au roi qu’il m’accorde simplement la permission de me promener tous les vendredis, avec un cortège semblable à celui des filles des rois, à travers les souks et les rues de Bassra, sans que personne ose se montrer alors dans les rues, sous peine de perdre la tête ! Et voilà tout ce que je souhaite du roi en récompense de ton travail au sujet de la perle perforée ! »

« En entendant ces paroles de sa jeune épouse, le joaillier fut à la limite de l’étonnement, et il se dit : « Allah karim ! Est bien fin celui qui peut se vanter de savoir ce qui se passe dans la cervelle d’une femme ! » Mais comme il aimait son épouse, et qu’il était vieux et d’ailleurs fort laid, il ne voulut pas la contrarier et se contenta de répondre : « Ô fille de l’oncle, ton désir est sur la tête et sur l’œil. Mais si les marchands des souks abandonnent leurs boutiques pour aller se cacher, lors du passage du cortège, les chiens et les chats dévasteront les devantures et commettront des dégâts qui alourdiront notre conscience ! » Elle dit : « Qu’à cela ne tienne, on donnera l’ordre à tous les habitants et aux gardiens des souks d’enfermer ce jour-là tous les chiens et tous les chats. Car je désire que les boutiques