Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/86

Cette page a été validée par deux contributeurs.
80
les mille nuits et une nuit

arrivent à un bon résultat sans quelques accidents inévitables. Nous te supplions donc de ne point nous imposer ce que nos faibles moyens ne peuvent supporter, car nous reconnaissons qu’une habileté telle que celle qu’il nous faudra déployer ne pourra jamais sortir de nos mains. Toutefois nous pouvons t’indiquer quelqu’un qui saura accomplir ce prodige d’art, et c’est notre cheikh ! » Et le roi demanda : « Et qui est votre cheikh ? » Ils répondirent : « C’est le maître joaillier Obeid ! Il est infiniment plus habile que nous, et il a un œil au bout de chaque doigt, et une délicatesse extrême dans chaque œil ! » Et le roi dit : « Allez me le chercher, et ne tardez pas ! » Et les joailliers se hâtèrent d’obéir et revinrent avec leur cheikh, le maître Obeid, qui, après avoir embrassé la terre entre les mains du roi, se tint debout dans l’attente des ordres. Et le roi lui raconta quel travail il exigeait de lui et quelle récompense ou quel châtiment l’attendait selon la réussite ou la non-réussite. Et, en même temps, il lui montra la perle. Et le joaillier Obeid prit la merveilleuse perle et l’examina une heure de temps, et répondit : « Je veux bien mourir si je ne la perce pas ! » Et, séance tenante, il s’accroupit, avec la permission du roi, et, tirant de sa ceinture quelques fins outils, il mit la perle entre les deux orteils de ses pieds rapprochés, et, avec une habileté et une légèreté incroyables, il manœuvra ses outils comme un enfant ferait d’une toupie, et, en moins de temps qu’il n’en faut pour percer un œuf, il perfora la perle de part en part, sans une bavure ni le moindre éclat, en deux trous égaux et symétriques. Puis il l’essuya du revers de