Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/85

Cette page a été validée par deux contributeurs.
histoire de kamar et de l’experte halima
79

dit : « Maintenant, ma mère, raconte-moi tout ce que tu sais au sujet de ce que tu sais ! » Et l’épouse du barbier dit :

« Sache, ô mon fils, ô lumière de l’œil et couronne de la tête, que le sultan de Bassra reçut un jour en cadeau, du sultan de l’Inde, une perle si belle qu’elle devait être née d’un rayon de soleil figé sur quelque œuf miraculeux de la mer. Elle était blanche à la fois et dorée, selon la façon de la regarder, et semblait mouvoir en son sein un incendie dans du lait. Et le roi la contempla toute une journée durant, et désira, pour ne s’en jamais séparer, la porter attachée à son cou par un ruban de soie. Mais comme elle était vierge et imperforée, il fit venir tous les joailliers de Bassra et leur dit : « Je désire que vous perciez adroitement cette perle souveraine. Et celui qui saura le faire sans endommager la merveilleuse substance, celui-là pourra me demander tout ce qu’il peut souhaiter ; et il sera exaucé et au delà ! Mais s’il ne réussit pas parfaitement ou si son mauvais destin la lui fait endommager le moins du monde, il peut s’attendre à la pire des morts ; car je lui ferai couper la tête, après lui avoir fait endurer tous les supplices que lui aura mérité sa maladresse sacrilège ! Qu’en dites-vous, ô joailliers ! »

« En entendant ces paroles du sultan, et en voyant à quoi ils exposaient leurs âmes, les joailliers furent émus d’une peur extrême et répondirent : « Ô roi du temps, c’est une chose bien délicate qu’une perle comme celle-là ! Et nous savons que déjà pour percer les perles ordinaires il faut une habileté et un doigté bien rares, et que peu de maîtres joailliers