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les mille nuits et une nuit

moi donc tranquillement dans la boutique jusqu’à mon retour ! »

Et le barbier laissa Kamar dans la boutique et se hâta d’aller trouver sa femme à qui il expliqua le motif qui l’amenait ; et il lui remit en même temps la bourse pleine de dinars d’or. Et l’épouse du barbier, qui avait l’esprit fertile et le cœur serviable, répondit : « Qu’il soit le bienvenu dans notre ville. Me voici prête à le servir avec ma tête et mes yeux ! Va le retrouver et conduis-le-moi ici pour que je le mette au courant de ce qu’il cherche à savoir ! » Et le barbier retourna à sa boutique, où il trouva Kamar assis à l’attendre, et lui dit : « Ô mon fils, lève-toi et viens-t’en avec moi auprès de ta mère, la fille de mon oncle, qui me charge de te dire : « L’affaire est faisable ! » Et il le prit par la main et le conduisit à sa maison, où son épouse lui souhaita la bienvenue d’un air affable et engageant, et le fit asseoir à la place d’honneur, sur le divan, et lui dit : « Famille et aisance à l’hôte charmant ! La maison est ta maison, et tes esclaves, les maîtres de la maison ! Tu es sur notre tête et sur nos yeux, ordonne ! Ouïr c’est obéir ! » Et elle se hâta de lui offrir, sur un plateau de cuivre, les rafraîchissements et les confitures de l’hospitalité, et l’obligea à prendre une cuillerée de chaque espèce, disant chaque fois le souhait de circonstance : « Délices et réconfort sur le cœur de notre hôte ! »

Alors Kamar prit une grosse poignée de dinars d’or et la mit sur les genoux de l’épouse du barbier, disant : « Excuse-moi pour le peu ! Mais, inschallah ! je saurai mieux reconnaître tes bontés ! » Puis il lui