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histoire de kamar et de l’experte halima
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minutieux, il sortit brillant comme un jeune roi. Et alors seulement il se mit à la recherche de la boutique du barbier qui avait autrefois rasé la tête du derviche, et ne tarda pas à la trouver. Et il entra dans la boutique et, après les salams de part et d’autre, il dit au barbier : « Ô père des mains légères, je désire t’entretenir en secret. Je te prie donc de fermer ta boutique aux clients que tu as l’habitude de recevoir, et voici de quoi te dédommager de la perte de ton temps ! » Et il lui remit une bourse remplie de dinars d’or que le barbier se hâta, après l’avoir soupesée d’un léger mouvement de main, de serrer dans sa ceinture. Et, lorsqu’ils furent tous deux seuls dans la boutique, il lui dit : « Ô père des mains légères, je suis étranger à cette ville. Et je désire seulement apprendre de toi le motif de l’abandon matinal des souks, en ce jour de vendredi ! » Et le barbier, gagné par la générosité du jeune homme et par son air d’émir, lui répondit : « Ô mon maître, c’est là un secret que je n’ai jamais cherché à pénétrer, bien que moi aussi je fasse comme tout le monde et prenne soin de me cacher tous les vendredis matin. Mais puisque cette affaire te tient à cœur, je veux faire pour toi ce que je ne ferais pas pour mon frère. Je te mettrai donc en rapport avec ma femme qui connaît tout ce qui se passe dans la ville, car c’est elle qui est la marchande de parfums de tous les harems de Bassra et des palais des grands et du sultan. Et comme je vois, à ton air, que tu es impatient d’être éclairé sur l’affaire et que, d’autre part, ma proposition t’agrée, je cours à l’instant trouver la fille de mon oncle, et lui soumettre le cas. Attends--