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histoire de kamar et de l’experte halima
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ce langage péremptoire et une résolution si arrêtée, ne purent que soupirer en acceptant ce qui était écrit par la destinée. Et le père de Kamar ne manqua pas de rejeter sur son épouse tout ce qui leur arrivait de contrariant depuis l’heure où il avait écouté ses conseils et avait conduit Kamar au souk. Et il se disait : « Voilà à quoi ont abouti tes soins et ta prudence, ya Abd el-Rahmân ! Il n’y a de recours et de force qu’en Allah le Tout-Puissant ! Ce qui est écrit doit courir, et nul ne peut lutter contre les arrêts du sort ! » Et la mère de Kamar, doublement attristée, et pour être ainsi en butte aux reproches de son époux et à cause de la douleur que lui occasionnait le projet de son fils, fut bien obligée de lui faire ses préparatifs de départ. Et elle lui donna un petit sac dans lequel elle avait enfermé quarante grosses pierres précieuses, telles que rubis, diamants et émeraudes, en lui disant : « Garde bien soigneusement sur toi ce petit sac, ô mon fils. Il pourra te servir, si tu viens à manquer d’argent. » Et son père lui donna quatre-vingt-dix mille dinars d’or pour ses frais de voyage et son séjour à l’étranger. Et tous deux l’embrassèrent, en pleurant, et lui firent leurs adieux. Et son père le recommanda au chef de la caravane qui partait pour l’Irak. Et Kamar, après avoir baisé la main de son père et de sa mère, s’en alla vers Bassra, accompagné par les vœux de ses parents. Et Allah lui écrivit la sécurité ; et il arriva sans encombre dans cette ville-là…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.