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les mille nuits et une nuit

Et lorsque le derviche eut terminé de la sorte son récit, il fondit de nouveau en larmes, en regardant le jeune Kamar ; et il ajouta, au milieu de ses sanglots : « Par Allah sur toi, ô mon maître, maintenant que je t’ai raconté ce que j’avais à te raconter, et comme je ne veux pas abuser de l’hospitalité que tu as accordée à un serviteur d’Allah, ouvre-moi la porte de sortie et laisse-moi m’en aller en l’état de ma voie. Et, si j’ai un souhait à formuler sur la tête de mes bienfaiteurs, puisse Allah, qui a créé deux créatures aussi parfaites que ton fils et l’adolescente de Bassra, achever Son ouvrage en permettant leur réunion ! »

Et, ayant ainsi parlé, le derviche se leva, malgré la prière du père de Kamar qui le pressait de rester, et appela encore une fois la bénédiction sur ses hôtes, et s’en alla, en soupirant, comme il était venu. Et voilà pour lui.

Quant au jeune Kamar, il ne put fermer l’œil toute cette nuit-là, tant il était préoccupé par le récit du derviche, et tant la description de l’adolescente l’avait impressionné. Et, dès le lendemain, à l’aube, il entra chez sa mère et la réveilla, et lui dit : « Ô mère, fais-moi un paquet d’effets, car il faut que je parte à l’instant pour la ville de Bassra, où m’attend ma destinée ! » Et sa mère, à ces paroles, se mit à se lamenter, en pleurant, et appela son époux et lui fit part de cette nouvelle si étonnante et si inattendue. Et le père de Kamar essaya, mais en vain, de raisonner son fils qui ne voulut écouter aucun raisonnement, et qui, en manière de conclusion, dit : « Si je ne pars pas tout de suite pour Bassra, je mourrai certainement ! » Et le père et la mère de Kamar, devant