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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT QUATRE-VINGT-DEUXIÈME NUIT

Elle dit :

… Alors le derviche dit :

« Sache donc, ô mon maître, que je suis un pauvre derviche qui pérégrine continuellement sur les terres et les contrées d’Allah, en s’émerveillant de l’œuvre du Créateur du jour et de la nuit.

« Or un jour de vendredi, au matin, je fus conduit par ma destinée dans la ville de Bassra. Et, en y entrant, je constatai, que les souks et les boutiques et les magasins étaient ouverts, avec toutes les marchandises exposées aux étalages ainsi que toutes les victuailles et, d’une manière générale, tout ce qui se vend et s’achète, tout ce qui se mange et se boit ; mais je constatai également que ni dans les souks, ni dans les boutiques, ne se voyait trace de marchand ou d’acheteur, de femme ou de fillette, d’allant ou de venant ; et tout était si abandonné et si désert qu’il n’y avait, dans aucune rue, pas même un chien ou un chat ou quelque jeu d’enfants ; mais partout la solitude et le silence, et rien que la seule présence d’Allah. Et moi je m’étonnai de tout cela, et je dis en mon âme : « Qui sait en quel endroit ont bien pu aller les habitants de cette ville, avec leurs chats et leurs chiens, pour ainsi abandonner, sur les étalages,