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histoire de kamar et de l’experte halima
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Mais mon amour est sans désir et libre de tout ce qui tient aux sens. Et j’abhorre tous ceux qui aiment d’une autre manière. »

Tout cela ! Et le père de Kamar voyait et entendait, et était à la limite de la perplexité. Et il se disait : « Je m’humilie devant Allah que j’ai offensé, en soupçonnant d’intentions perverses ce sage derviche ! Qu’Allah confonde le Tentateur qui suggère à l’homme de telles pensées sur ses semblables ! » Et, édifié sur le compte du derviche, il descendit en toute hâte et entra dans la salle. Et il fit ses salams et ses souhaits à l’hôte d’Allah, et il finit par lui dire : « Par Allah sur toi, ô mon frère, je t’adjure de me raconter la cause de ton émotion et de tes larmes, et pourquoi la vue de mon fils te fait pousser de si profonds soupirs. Car un tel effet doit certainement avoir une cause ! » Le derviche dit : « Tu dis vrai, ô père de l’hospitalité ! » Il dit : « En ce cas, ne me fais pas tarder davantage à apprendre de toi cette cause ! » Il dit : « Ô mon maître, pourquoi me forcer à aviver une blessure qui se ferme, et à retourner le couteau dans ma chair ? » Il dit : « Par les droits acquis de l’hospitalité, je te prie, ô mon frère, de satisfaire ma curiosité ! » Alors le derviche dit : « Sache donc, ô mon maître…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.