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histoire de kamar et de l’experte halima
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Mais pour les femmes, plutôt superficiel, à ce que l’on dit, bien que versé dans l’étude du sexe acide et du sexe doux ; car, à un moment donné, entre le jeune Zeid et la jeune Zeinab il ne voit point la différence.

Le cœur tendre et le reste dur comme le granit, qu’il est prodigieux ! Pour le bouc et pour la chèvre, pour l’imberbe et le barbu, toujours debout !

Pédéraste le cheikh comme un Maghrébin !

Lorsque les gens, qui se pressaient émerveillés devant la boutique, virent l’état d’extase du derviche, ils se firent part de leurs réflexions les uns aux autres, disant : « Ouallah ! tous les derviches se ressemblent ! Ils sont comme le couteau du marchand de colocases : ils ne différencient pas le mâle d’avec la femelle ! » Et d’autres s’exclamaient : « Éloigné soit le Malin ! Le derviche brûle pour le joli garçon ! Qu’Allah confonde les derviches de son espèce ! »

Quant au marchand Abd el-Rahmân, père du jeune Kamar, il se dit, en voyant tout cela : « Le plus sensé est de nous en retourner à la maison plus tôt qu’à l’ordinaire. » Et, pour décider le derviche à s’en aller, il tira de sa ceinture quelque monnaie et la lui offrit en disant : « Prends ta chance d’aujourd’hui, ô derviche ! » Et il se tourna, en même temps, vers son fils Kamar et lui dit : « Ah ! mon fils, qu’Allah traite ta mère comme elle le mérite, qui nous cause tant de désagréments, aujourd’hui ! » Mais comme le derviche ne bougeait pas de sa place et ne tendait pas la main pour prendre la monnaie offerte, il lui dit ; « Lève-toi, l’oncle, que nous