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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT QUATRE-VINGT-UNIÈME NUIT

Elle dit :

… il se leva, le prit par la main, et sortit avec lui.

Or, dès qu’ils eurent franchi le seuil de leur maison et fait quelques pas dans la rue, ils se virent entourés par les allants et les venants, qui s’arrêtaient sur leur passage, troublés, à l’extrême limite du trouble, par l’adolescent et par sa beauté pleine de damnation pour les âmes. Mais ce fut bien autre chose quand ils arrivèrent à la porte du souk. Là, les passants cessèrent entièrement de circuler, et les uns s’approchaient pour baiser les mains de Kamar, après les salams au père, et les autres s’écriaient : « Ya Allah ! Le soleil se lève une seconde fois, ce matin ! Le jeune croissant de Ramadân brille sur les créatures d’Allah ! La nouvelle lune apparaît sur le souk, aujourd’hui ! » Et ils s’exclamaient ainsi de toutes parts, ravis d’admiration, et faisaient des vœux pour l’adolescent, en se pressant en foule autour de lui. Et le père, plein de colère concentrée et de confusion, avait beau les apostropher et les rudoyer, ils n’en faisaient cas, tout à la contemplation de la beauté extraordinaire qui faisait sa miraculeuse entrée dans le souk, en ce jour de bénédiction. Et ils donnaient ainsi raison au poète, en s’appliquant à eux-mêmes ses paroles :