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histoire de kamar et de l’experte halima
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el-Rahmân réfléchit une heure de temps, puis releva la tête et répondit : « Ô fille de l’oncle, certes ! nul ne peut fuir la destinée attachée à son cou. Mais tu sais bien que je n’ai ainsi gardé les enfants à la maison, que parce que je redoutais pour eux le mauvais œil ! Pourquoi donc me reprocher ma prudence et oublier ma sollicitude ? » Elle dit : « Éloigné soit le Malin, le Maléfique ! Prie sur le Prophète, ô cheikh ! » Il dit : « Que la bénédiction d’Allah soit sur Lui et sur tous les siens ! » Elle reprit : « Et maintenant, mets ta confiance en Allah qui saura sauvegarder notre enfant des mauvaises influences et de l’œil néfaste. Et, d’ailleurs, voici le turban en soie blanche de Mossoul que j’ai confectionné pour Kamar, et dans lequel j’ai pris soin de coudre l’étui d’argent où se trouve renfermé le rouleau de versets saints, préservatif de tout maléfice ! Tu peux donc, en toute sécurité, emmener aujourd’hui Kamar, pour lui faire visiter le souk et lui montrer enfin la boutique de son père ! » Et, sans attendre l’assentiment de son époux, elle alla chercher le jeune garçon qu’elle avait déjà pris soin de vêtir de ses plus beaux effets, et le conduisit entre les mains de son père qui se dilata et s’épanouit à sa vue, et murmura : « Maschallah ! Le nom d’Allah sur toi et autour de toi, ya Kamar ! » Puis, persuadé par son épouse, il se leva, le prit par la main, et sortit avec lui…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.