Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/60

Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
les mille nuits et une nuit

nie ! Car les fils qu’Allah fera naître de notre union en tous points seront dignes de leur père ; et la fille, qui rafraîchira nos yeux, sera un sourire du ciel même ! Ses cheveux seront d’or d’un côté et d’argent de l’autre ; ses larmes, si elle pleure, seront des perles, ses rires, des dinars d’or, et ses sourires des boutons de rose ! »

Et le sultan, à ces paroles, se cacha la tête dans les mains, et sanglota. Et sa douleur ancienne se fit plus vive qu’aux jours amers du passé. Et toutes les pensées refoulées au fond de son âme désespérée affluèrent soudain dans son cœur, et le déchirèrent.

Mais bientôt la voix de Bulbul s’éleva à nouveau, chantante d’allégresse. Et elle disait : « Lève tes voiles, ô Farizade, devant ton père ! »

Et Farizade, qui ne pouvait désobéir à la voix de son ami, leva ses voiles. Et, avec eux, tomba le bandeau qui retenait sa chevelure. Et le sultan vit cela et, les bras en avant, se leva en poussant un grand cri. Et la voix de Bulbul lui cria : « Ta fille, ô roi ! » Car d’or sur un côté étaient les cheveux de la jeune fille, et d’argent sur l’autre côté ; et deux perles de joie étaient sur ses paupières, et un bouton de rose sur sa bouche.

Et le roi, au même moment, regarda les deux frères, qui étaient beaux. Et il se reconnut en eux. Et la voix de Bulbul lui cria : « Tes fils, ô roi ! »

Et, pendant que le sultan Khosrou Schah était encore immobilisé par l’émotion, l’Oiseau-Parleur lui raconta rapidement, ainsi qu’à ses enfants, leur histoire véritable, depuis le commencement jusqu’à