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farizade au sourire de rose
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nait d’être apporté sur un grand plateau. Et le sultan s’assit, sous le berceau, à la place d’honneur. Et on lui offrit les concombres aux perles, sur un plat d’or.

Et le sultan qui aimait, en effet, les concombres farcis, quand il en vit sur le plat que Farizade elle-même lui offrait, fut sensible à cette attention qu’il ne s’expliquait pas. Mais il fut bientôt à la limite de l’étonnement de voir qu’au lieu d’être farcis, comme à l’ordinaire, de riz et de pistaches, les concombres étaient accommodés aux perles. Et il dit à Farizade et à ses frères : « Par ma vie ! quelle nouveauté dans l’accommodement des concombres ! Et depuis quand les perles remplacent-elles le riz et les pistaches ? » Et Farizade était déjà sur le point de lâcher le plat et de s’enfuir de confusion, quand l’Oiseau-Parleur, élevant la voix, appela le sultan par son nom, disant : « Ô notre maître Khosrou Schah ! » Et le sultan leva la tête vers l’Oiseau, qui continua d’une voix grave : « Ô notre maître Khosrou Schah ! Et depuis quand les enfants d’une sultane de Perse peuvent-ils être changés en animaux, à leur naissance ? Si donc, ô roi du temps, tu as cru jadis à une chose si incroyable, tu n’as pas le droit de t’étonner devant une chose aussi simple que celle d’aujourd’hui ! » Puis il ajouta : « Souviens-toi, ô notre maître, des paroles qu’il y a vingt ans tu entendis un soir dans une humble demeure ! Si tu les a oubliées, ô notre maître, permets à l’esclave de Farizade de te les répéter ! »

Et l’Oiseau, d’une voix semblable au doux parler des vierges, dit : « Ô mes sœurs ! quand je serai l’épouse du sultan, je lui donnerai une postérité bé-