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les mille nuits et une nuit

de plaisir à voir ! » Et il s’avança pour la considérer de plus près, et soudain il perçut le concert de l’Arbre-Chanteur. Et il prêta une oreille ravie à cette musique qui tombait du ciel, et longtemps il l’écouta. Puis il s’écria ; « Ô ! musique que je n’ai jamais entendue ! » Et comme, pour la mieux écouter, il s’avançait du côté où il pensait la trouver, voici qu’elle cessa et qu’un grand silence fit dormir tout le jardin. Et du sein de ce grand silence s’éleva la voix de l’Oiseau-Parleur, en un chant solitaire, éclatant et éperdu. Et elle disait : « Bienvenu — le sultan — Khosrou Schah ! Bienvenu ! bienvenu ! bienvenu ! » Et, avec la dernière note émise par cette voix qui enchantait l’air, tout le chœur des oiseaux répondit, en son langage : « Bienvenu ! bienvenu ! bienvenu ! »

Et le sultan Khosrou Schah fut émerveillé de tout cela, et son âme, déjà si émue par tout ce qu’elle avait senti en si peu de temps, fut dans un extrême attendrissement. Et il s’écria : « C’est ici la maison du bonheur ! Oh ! je donnerais ma puissance et mon trône pour habiter avec vous, ô fils de mon intendant ! » Puis, comme il s’apprêtait à interroger Farizade et ses frères sur la provenance des merveilles dont il ne parvenait pas à se rendre un compte exact, ils lui montrèrent l’Arbre-Chanteur et l’Oiseau-Parleur. Et Farizade lui dit : « Pour ce qui est de la source de ces merveilles, c’est une histoire que je raconterai à notre maître le sultan, quand il se sera reposé ! »

Et elle invita le sultan à s’asseoir sous le berceau même qui servait d’abri à Bulbul, et où le repas ve-