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farizade au sourire de rose
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descendirent de cheval, en toute hâte, et se prosternèrent le front contre terre. Et le sultan, à la limite de la surprise en voyant dans cette forêt deux cavaliers de lui inconnus, habillés aussi richement que s’ils étaient de sa suite, eut la curiosité de les voir au visage, et leur dit de se relever. Et les deux frères se mirent debout, et se tinrent entre les mains du sultan, avec un air plein de noblesse qui s’alliait merveilleusement avec leur contenance respectueuse. Et le sultan fut frappé de leur beauté, et les admira quelque temps, sans parler, en les considérant depuis la tête jusqu’aux pieds. Puis il leur demanda qui ils étaient et où ils demeuraient. Car son cœur s’était porté vers eux et s’était ému. Et ils répondirent : « Ô roi du temps, nous sommes les fils de ton esclave défunt, l’ancien intendant des jardins. Et nous demeurons, non loin d’ici, dans la maison que nous devons à ta générosité ! » Et le sultan se réjouit fort de connaître les fils de son fidèle serviteur ; mais il s’étonna qu’ils ne se fussent pas présentés au palais jusqu’à ce jour, pour être de sa suite. Et il leur demanda le motif de leur abstention. Et ils répondirent : « Ô roi du temps, pardonne-nous si nous nous sommes abstenus, jusqu’à ce jour, de nous présenter entre tes généreuses mains ; mais nous avons une sœur, notre cadette, qui est pour nous la recommandation dernière de notre père, et sur laquelle nous veillons avec un tel amour que nous ne pouvons songer à la quitter ! » Et le sultan fut touché à l’extrême de cette union fraternelle, et se loua de plus en plus de sa rencontre, se disant : « Jamais je n’eusse cru qu’il y eût dans mon royaume