Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
farizade au sourire de rose
47

ils étaient arrivés, lui réitérer l’expression de leur gratitude et, lui baisant la main, ils prenaient congé d’elle et de ses frères. Et le soir du vingtième jour la princesse Farizade et les princes Farid et Farouz arrivèrent, en sécurité, dans leur demeure.

Or, dès qu’elle eut mis pied à terre, Farizade se hâta de suspendre la cage dans son jardin, sous un berceau. Et aussitôt que Bulbul eut jeté la première note de sa voix, tous les oiseaux accoururent le regarder, et, l’ayant vu, ils le saluèrent en chœur. Car les rossignols et les pinsons, les alouettes et les fauvettes, les chardonnerets et les tourterelles, et toutes les races infinies des oiseaux qui habitent dans les jardins, reconnurent à l’instant la suprématie de sa beauté. Et à voix haute et à voix basse, comme des almées, ils accompagnèrent de leur ramage ses couplets solitaires. Et chaque fois qu’il en achevait un par un trille savant, ils manifestaient leur ravissement par des acclamations pleines d’harmonie, dans la langue des oiseaux.

Et Farizade s’approcha du grand bassin d’albâtre, où elle avait coutume de mirer ses cheveux qui étaient d’or d’un côté et d’argent de l’autre, et y versa une goutte de l’eau contenue dans l’urne de cristal. Et la goutte d’or se gonfla et s’éleva et foisonna en étincelantes gerbes, et ne cessa de jaillir et de retomber, mettant une fraîcheur de grotte marine dans l’air incandescent.

Et Farizade planta, de ses propres mains, la branche de l’Arbre-Chanteur. Et la branche prit aussitôt racine et devint, en quelques instants, un aussi bel arbre que celui dont elle était issue. Et un chant