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les mille nuits et une nuit

baiser la main. Et ils se déclarèrent ses esclaves. Et tous ensemble redescendirent vers la plaine, et remontèrent sur leurs chevaux, après que Farizade les eut également délivrés de l’enchantement. Et ils prirent la direction de l’Arbre du Vieillard.

Mais le Vieillard n’était plus dans la prairie, et l’Arbre aussi n’était plus dans la prairie. Et Bulbul, comme Farizade l’interrogeait, lui répondit d’une voix qui se fit grave soudain : « Pourquoi veux-tu revoir le Vieillard, ô Farizade ? Il a donné à la fille des hommes l’enseignement du flocon de laine qui triomphe des voix méchantes, des voix haineuses, des voix importunes et de toutes les voix qui troublent l’âme intérieure et l’empêchent de parvenir aux sommets. Et de même que le maître s’efface devant son enseignement, de même le Vieillard de l’Arbre a disparu quand il t’a transmis sa sagesse, ô Farizade ! Et désormais les maux qui affligent la plupart des hommes n’auront guère de prise sur ton âme. Car tu sauras ne plus prêter ton âme aux événements extérieurs, qui n’existent qu’à cause de ce prêt. Et tu as appris à connaître la sérénité qui est la mère de tous les bonheurs ! »

Ainsi s’exprima l’Oiseau-Parleur, à l’endroit où s’élevait naguère l’Arbre du Vieillard. Et tous s’émerveillèrent de la beauté de son langage et de la profondeur de ses pensées.

Et la troupe qui faisait cortège à Farizade continua son chemin. Mais bientôt elle commença à diminuer, car les seigneurs délivrés de l’enchantement par Farizade venaient, l’un après l’autre, à mesure qu’ils se retrouvaient sur le chemin par où