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farizade au sourire de rose
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Et comme l’Oiseau l’invitait à parler, elle dit d’une voix tremblante : « Mes frères ! ô Bulbul, mes frères ! »

Lorsque Bulbul entendit ces paroles, il parut fort gêné. Car il savait qu’il n’était pas en son pouvoir de lutter contre Ceux de l’Invisible et leurs enchantements, et que lui-même leur était soumis depuis toujours. Mais il se dit bientôt que, le sort ayant fait triompher la princesse, il pouvait désormais, sans crainte, la servir à l’exclusion de ses anciens maîtres. Et, en réponse, il chanta :

« Avec des gouttes, des gouttes, des gouttes
De l’Eau de l’urne de cristal,
Ô Farizade, ô Farizade !
Avec des gouttes, des gouttes, des gouttes
Arrose, ô rose, ô rose,
Arrose les pierres de la montagne,
Avec des gouttes, des gouttes, des gouttes,
Ô Farizade, ô Farizade ! »

Et Farizade prit d’une main l’urne de cristal, et de l’autre la cage d’or de Bulbul et la branche chantante, et elle redescendit le sentier. Et chaque fois qu’elle rencontrait une pierre de basalte noir, elle l’aspergeait avec quelques gouttes de l’Eau Couleur-d’Or. Et la pierre prenait vie et se changeait en homme. Et Farizade, n’en ayant omis aucune, retrouva de la sorte ses frères.

Et Farid et Farouz, ainsi délivrés, coururent embrasser leur sœur. Et tous les seigneurs, qu’elle avait tirés de leur sommeil de pierre, vinrent lui