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les mille nuits et une nuit

elle comprit qu’elle se trouvait en présence de l’Arbre-Chanteur ! Car ni la brise dans les jardins de Perse, ni les luths indiens, ni les harpes de Syrie, ni les guitares d’Égypte n’avaient jamais rendu une harmonie comparable au concert des mille invisibles bouches qui étaient dans les feuilles de cet Arbre musicien.

Et lorsque Farizade, revenue du ravissement où l’avait plongée cette musique, eut cueilli une branche de l’Arbre-Chanteur, elle revint vers Bulbul et le pria de lui indiquer où se trouvait l’Eau Couleur-d’Or. Et l’Oiseau-Parleur lui dit de se tourner vers l’occident, et d’aller regarder derrière le rocher bleu qu’elle y verrait. Et Farizade se tourna vers l’occident, et vit un rocher qui était de turquoise tendre. Et elle se dirigea de ce côté, et, derrière le rocher de turquoise tendre, elle vit sourdre un mince ruisselet, semblable à de l’or en fusion. Et cette eau, toute d’or, du ruisselet transpiré par le rocher de turquoise, était encore plus admirable de se trouver transparente et fraîche comme l’eau même des topazes.

Et sur la roche, dans un creux, était posée une urne de cristal. Et Farizade prit l’urne et la remplit de l’eau splendide. Et elle s’en revint auprès de Bulbul, avec l’urne de cristal sur son épaule et la branche chantante à la main.

Et c’est ainsi que Farizade au sourire de rose posséda les trois choses incomparables.

Et elle dit à Bulbul : « Ô le plus beau, il me reste encore une prière à t’adresser. Et c’est pour la voir exaucer que je suis venue si loin à ta recherche ! »