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farizade au sourire de rose
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zade, ravie à la limite du ravissement, en oublia ses peines et ses fatigues ; et, prenant au mot le miraculeux Oiseau qui venait de se déclarer son esclave, elle se hâta de lui dire : « Ô Bulbul el-Hazar, ô mer- veille de l’air, si tu es mon esclave, prouve-le, prouve-le ! »

Et Bulbul, en réponse, chanta :

« Farizade, Farizade,
Ordonne, ordonne !
Farizade, ordonne !
Car t’ouïr, car t’ouïr, car t’ouïr,
Pour moi c’est t’obéir ! »

Alors Farizade lui dit qu’elle avait plusieurs choses à demander, et commença par le prier de lui indiquer d’abord où se trouvait l’Arbre-Chanteur. Et Bulbul, par son chant, lui dit de se tourner vers l’autre versant de la montagne. Et Farizade se tourna vers le versant opposé à celui qu’elle avait franchi, et regarda. Et elle vit au milieu de ce versant un arbre si immense que son ombre aurait pu abriter toute une armée. Et elle s’étonna en son âme, et ne sut comment elle pourrait faire pour déraciner et emporter un tel arbre. Et Bulbul, qui voyait sa perplexité, lui exprima, en chantant, qu’il n’était guère besoin de déraciner le vieil arbre, mais qu’il suffisait d’en casser la moindre branche, et de la planter en tel lieu qu’il lui plairait, pour la voir aussitôt prendre racine et devenir un aussi bel arbre que celui qu’elle voyait. Et Farizade se dirigea vers l’Arbre, et entendit le chant qui s’en exhalait. Et