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farizade au sourire de rose
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d’entre les blocs de basalte noir, avec un tintamarre épouvantable. Mais elle n’entendait qu’à peine un vague bourdonnement, ne saisissait aucune parole, ne percevait aucun appel et, par suite, n’éprouvait aucune crainte. Et elle monta sans arrêt, malgré qu’elle fût délicate et que ses pieds n’eussent jamais foulé que le sable fin des allées. Et elle parvint sans faiblir sur le sommet de la montagne. Et elle aperçut, au milieu du plateau de ce sommet, une cage d’or, devant elle, sur un socle d’or. Et dans la cage elle vit l’Oiseau-Parleur.

Et Farizade s’élança, et mit la main sur la cage, en s’écriant : « Oiseau ! Oiseau ! je te tiens ! je te tiens ! Et tu ne m’échapperas pas ! » Et, en même temps, elle arracha, les jetant loin d’elle, les flocons de laine, désormais inutiles, qui l’avaient rendue sourde aux appels et aux menaces de l’invisible. Car déjà s’étaient tues toutes les voix de l’invisible, et un grand silence dormait sur la montagne.

Et, du sein de ce grand silence, dans la transparente sonorité, s’éleva la voix de l’Oiseau-Parleur…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT SOIXANTE-DIX-HUITIÈME NUIT

Elle dit :

… Et, du sein de ce grand silence, dans la transpa-