Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
40
les mille nuits et une nuit

sœur aimante, et indique-moi les moyens de les délivrer de l’enchantement ! » Et le vieux cheikh répondit : « Ô Farizade, fille de roi, voici la boule de granit qui te conduira sur leurs traces. Mais tu ne pourras les délivrer qu’après t’être rendue maîtresse des trois merveilles. Et puisque tu n’exposes ton âme qu’à cause de l’amour de tes frères, et non parce que tu es poussée par le désir de conquérir l’impossible, l’impossible sera ton esclave. Sache donc que nul parmi les fils des hommes ne peut résister à l’appel des voix de l’Invisible. C’est pourquoi, pour vaincre l’invisible, il faut se prémunir contre lui d’adresse, car Il possède la force. Et l’adresse des fils des hommes vaincra toutes les forces de l’Invisible ! »

Et, ayant ainsi parlé, le Vieillard de l’Arbre remit la boule de granit rouge à Farizade ; puis il tira de sa ceinture un flocon de laine, et dit : « Avec ce léger flocon de laine, ô Farizade, tu vaincras tous Ceux de l’Invisible ! » Et il ajouta : « Penche vers moi la gloire de ta tête, ô Farizade ! » Et elle pencha vers le Vieillard sa tête dont les cheveux étaient d’or d’un côté et d’argent de l’autre. Et le Vieillard dit : « Que la fille des hommes, avec ce flocon léger, triomphe des forces de Ceux des airs et de toutes les embûches de l’invisible ! » Et, divisant le flocon en deux parts, il en mit à Farizade chaque morceau dans une oreille, et, de la main, lui fit signe de partir. Et Farizade quitta le Vieillard, et lança hardiment la boule dans la direction de la montagne.

Et lorsqu’elle fut parvenue aux premières roches et qu’ayant mis pied à terre elle se fut avancée vers les hauteurs, les voix s’élevèrent sous ses pas,