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farizade au sourire de rose
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les uns aux autres. Et elle s’écria : « Ô mes pauvres frères, dévoués à mes caprices, je vous rejoindrai ! » Et elle comprima toute sa douleur en elle-même et, sans perdre le temps en lamentations inutiles, elle se déguisa en cavalier, s’arma, s’équipa, et partit à cheval, en prenant le même chemin que ses frères.

Et, le vingtième jour, elle rencontra le vieux cheikh, assis sous l’arbre, au bord du chemin. Et elle le salua avec respect, et lui dit : « Ô saint vieillard, mon père, n’as-tu pas vu passer, à vingt jours de distance, deux jeunes et beaux seigneurs qui cherchaient l’Oiseau-Parleur, l’Arbre-Chanteur et l’Eau Couleur-d’Or ? » Et le vieillard répondit : « Ô ma maîtresse Farizade au sourire de rose, je les ai vus et je les ai renseignés. Et ils ont été, hélas ! comme tant d’autres seigneurs avant eux, arrêtés dans leur entreprise par Ceux de l’Invisible ! » Et Farizade, voyant que le saint homme l’appelait par son nom, fut à la limite de la perplexité, et le vieillard lui dit : « Ô maîtresse de la splendeur, ils ne t’ont point trompée, ceux qui t’ont parlé des trois choses incomparables à la recherche desquelles sont déjà venus tant de princes et de seigneurs. Mais ils ne t’ont pas dit les dangers qu’il y a à tenter une aventure aussi singulière que celle que tu poursuis ! » Et il fit connaître à Farizade tout ce à quoi elle s’exposait en allant à la recherche de ses frères et des trois merveilles. Et Farizade lui dit : « Ô saint homme, mon âme intérieure est toute troublée par tes paroles, car elle est si facile à effrayer. Mais comment reculerais-je quand il s’agit de retrouver mes frères ? Ô saint homme, écoute la prière d’une