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farizade au sourire de rose
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Et, au bas de la montagne, la même chose arriva au cheval, qui fut changé en un bloc sans forme. Et la boule de granit rouge reprit en roulant le chemin de l’Arbre du Vieillard.

Or, ce jour-là, la princesse Farizade tira, selon son habitude, le couteau de la gaine qu’elle tenait constamment à sa ceinture. Et pâle et tremblante elle fut, en voyant la lame, encore si nette la veille et si brillante, devenue maintenant toute ternie et rouillée. Et, affaissée dans les bras du prince Farouz, accouru à son appel, elle s’écria : « Ah ! mon frère, où es-tu ? Pourquoi t’ai-je laissé partir ? Qu’es-tu devenu dans ces pays étrangers ? Malheureuse que je suis ! Ô coupable Farizade, je ne t’aime plus ! » Et les sanglots l’étouffaient et soulevaient sa poitrine. Et le prince Farouz, non moins affligé que sa sœur, se mit à la consoler ; puis il lui dit : « Ce qui est arrivé est arrivé, ô Farizade, puisque tout ce qui est écrit doit courir. Mais c’est maintenant à moi d’aller à la recherche de notre frère et, en même temps, de t’apporter les trois choses qui ont causé la captivité où il doit être réduit en ce moment. Et Farizade, suppliante, s’écria : « Non, non ! de grâce, ne pars pas, si c’est pour aller à la recherche de ce qu’a souhaité mon âme insatiable. Ô mon frère, si quelque accident te survenait, je mourrais ! » Mais ses plaintes et ses larmes n’ébranlèrent pas le prince Farouz dans sa résolution. Et il monta à cheval et, après avoir fait ses adieux à sa sœur, il lui tendit un chapelet de perles, qui étaient les secondes larmes pleurées par Farizade enfant, et lui dit : « Si ces perles, ô ma sœur, cessaient de couler sous