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farizade au sourire de rose
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qui ne seront ni les voix des torrents ni celles des vents dans les abîmes ; mais ce seront les voix de Ceux de l’Invisible. Et elles te hurleront des paroles qui glacent le sang des hommes. Mais tu ne les écouteras. Car si, effrayé, tu détournais la tête pour regarder derrière toi, tandis qu’elles t’appellent tantôt de près et tantôt de loin, tu serais changé, à l’instant même, en une pierre noire semblable aux pierres noires de la montagne ; mais si, résistant à cet appel, tu arrives au sommet, tu y trouveras une cage et, dans la cage, l’Oiseau-Parleur. Et tu lui diras : « Le salam sur toi, ô Bulbul el-Hazar ! Où est l’Arbre-Chanteur ? Où est l’Eau Couleur-d’Or ? » Et l’Oiseau-Parleur te répondra. Ouassalam ! »

Et le vieux cheikh, ayant ainsi parlé, poussa un grand soupir. Et rien de plus.

Alors Farid se hâta de sauter à cheval ; et, de toutes ses forces, il jeta la boule devant lui. Et la boule de granit rouge roula, roula, roula. Et le cheval de Farid, un éclair parmi les coureurs, avait peine à la suivre à travers les buissons qu’elle franchissait, les creux qu’elle sautait, et les obstacles qu’elle surmontait. Et elle continua de rouler ainsi, avec une vitesse jamais lassée, jusqu’à ce qu’elle eût heurté les premiers rochers de la montagne. Alors elle s’arrêta.

Et le prince Farid descendit de cheval, et enroula la bride autour de la boule de granit. Et le cheval s’immobilisa sur ses quatre jambes, et ne branla pas plus que s’il eût été cloué au sol.

Et aussitôt le prince Farid commença à gravir la montagne. Et il n’entendit d’abord rien. Mais à me-