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farizade au sourire de rose
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se hâta de lui répondre : « Je viens de bien loin à la recherche de l’Oiseau-Parleur, de l’Arbre-Chanteur et de l’Eau Couleur-d’Or. Peux-tu donc me dire en quel lieu je puis les trouver ? Ou bien ne sais-tu rien à leur sujet ? »

Entendant ces paroles du jeune voyageur, le le cheikh cessa d’égrener son chapelet, tant il se trouvait ému. Et il ne répondit pas. Et Farid lui demanda : « Mon bon oncle, pourquoi ne parles-tu pas ? Hâte-toi de me dire, afin que je ne laisse pas mon cheval se refroidir ici, si tu sais ce que je te demande ou si tu ne le sais pas ! » Et le cheikh finit par lui dire : « Certes, ô mon fils, je connais et le lieu où se trouvent ces trois choses-là, et le chemin qui y conduit. Mais le service que tu m’as rendu est si grand à mes yeux, que je ne puis me décider à t’exposer, en retour, aux terribles dangers d’une telle entreprise ! » Puis il ajouta : « Ah ! mon fils, hâte-toi plutôt de revenir sur tes pas et de t’en retourner vers ton pays ! Combien de jeunes gens, avant toi, ont passé par ici, que jamais plus je n’ai vus revenir ! » Et Farid, plein de courage, dit : « Mon bon oncle, indique-moi seulement la route à suivre, et ne te préoccupe pas du reste. Car Allah m’a doué de bras qui savent défendre leur propriétaire ! » Et le cheikh, lentement, demanda : « Mais comment le défendront-ils contre l’Invisible, ô mon enfant, surtout quand Ceux de l’Invisible sont des milliers et des milliers ? » Et Farid secoua la tête et répondit ; « Il n’y a de force et de puissance qu’en Allah l’Exalté, ô vénérable cheikh ! Ma destinée est à mon cou, et, si je la fuis, elle me poursuivra ! Dis-moi