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les mille nuits et une nuit

morer mot par mot les quelques indications qu’elle avait entendues, afin de n’en rien oublier. Et elle sentait ainsi grandir en son âme l’irrésistible désir de posséder ou seulement de voir de telles merveilles, bien qu’elle essayât de n’y plus penser. Et elle se mit alors à parcourir les allées de ses jardins, et les coins familiers qui lui étaient si chers ; mais ils lui parurent sans charme et pleins d’ennui ; et importunes elle trouva les voix de ses oiseaux, qui la saluaient au passage.

Et Farizade au sourire de rose devint toute triste et pleura par les allées. Et, marchant ainsi, avec ses larmes qui tombaient, elle laissait derrière elle, sur le sable, les gouttes, figées en perles, de ses yeux.

Sur ces entrefaites, Farid et Farouz, ses frères, revinrent de la chasse, et, ne trouvant pas leur sœur Farizade sous le berceau de jasmins, où d’ordinaire elle attendait leur retour, ils furent peinés de sa négligence, et se mirent à sa recherche. Et ils virent sur le sable des allées les perles fiées de ses yeux, et se dirent : « Ô que triste est notre sœur ! Et quel sujet de peine est entré en son âme, pour la faire ainsi pleurer ? » Et ils suivirent ses traces, d’après les perles des allées, et la trouvèrent tout en larmes au fond des bosquets. Et ils coururent vers elle et l’embrassèrent et la câlinèrent, pour calmer son âme chérie. Et ils lui dirent : « Ô Farizade, petite sœur, où sont les roses de ta joie et l’or de ta gaieté ? Ô petite sœur, réponds-nous ! » Et Farizade leur sourit, car elle les aimait ; et un tout petit bouton de rose naquit soudain, vermeil, sur ses lèvres ; et elle