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les mille nuits et une nuit

maîtresse, si elle était dans ces jardins, toutes les eaux de ces jardins s’arrêteraient dans leur murmurante marche, et la regarderaient. Car toutes les eaux, celles de la terre et celles des mers, celles des sources et celles des fleuves, celles des villes et celles des jardins, reconnaissent la suprématie de sa beauté. Et c’est l’Eau Couleur-d’Or ! Car, ô ma maîtresse, une goutte seulement de cette eau, si elle est versée dans un bassin vide, se gonfle et s’élève en foisonnant en gerbes d’or, et ne cesse de jaillir et de retomber, sans que le bassin déborde jamais. Et c’est à cette eau toute d’or, et transparente comme la topaze transparente, qu’aime à se désaltérer Bulbul el-Hazar, l’Oiseau-Parleur ; et c’est à cette eau toute d’or, et fraîche comme la topaze est fraîche, qu’aiment à s’abreuver les mille invisibles bouches de l’arbre aux chantantes feuilles !…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.

MAIS LORSQUE FUT
LA SEPT CENT SOIXANTE-SEIZIÈME NUIT

Elle dit :

« … les mille invisibles bouches de l’arbre aux chantantes feuilles. »

Et, ayant ainsi parlé, la vieille ajouta : « Ô ma maîtresse, ô princesse, si ces choses merveilleuses