Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/300

Cette page a été validée par deux contributeurs.
294
les mille nuits et une nuit

ter aux noces du prince Hassân et de la princesse Nourennahar, de même il s’abstint, lui aussi, d’y prendre part. Mais il ne revêtit point comme lui l’habit de derviche et, loin de renoncer à la vie du monde, il résolut de prouver qu’il avait été frustré de son dû, et se mit, dans ce but, à la recherche de la flèche qu’il ne croyait pas irrémédiablement disparue. Et, sans tarder, pendant que les fêtes continuaient au palais à l’occasion des noces, il se déroba à ses gens et se rendit à l’endroit du meidân où l’expérience avait eu lieu. Et là il se mit à marcher droit devant lui, dans la direction suivie par la flèche, en regardant avec attention à droite et à gauche, à chaque pas. Et il alla de la sorte extrêmement loin, sans rien découvrir. Mais, loin de se décourager, il continua à marcher encore et encore, toujours en ligne droite, jusqu’à ce qu’il fût arrivé à un amas de rochers qui barrait complètement l’horizon. Et il se dit que si la flèche devait se trouver quelque part, elle ne pouvait être ailleurs que là, vu qu’elle n’aurait pu percer cet amas de rochers. Et il avait à peine fini de formuler en lui-même cette pensée, qu’il aperçut par terre, couchée avec la pointe en avant et non point enfoncée dans le sol, la flèche marquée à son nom, celle-là même qu’il avait lancée de sa propre main. Et il se dit : « Ô prodige ! Ouallahi ! ni moi ni personne au monde nous ne pourrions, par nos propres forces, tirer une flèche si loin. Et, voici que non seulement elle est arrivée à cette distance inouïe, mais encore qu’elle a dû donner avec vigueur contre le rocher pour avoir été ainsi renvoyée par sa résistance. Voilà une chose extraordinaire !