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les mille nuits et une nuit

visage marqué par la bénédiction, sollicitait la faveur de se reposer une heure ou deux à l’ombre de ces beaux jardins. Et Farizade, dont le cœur était secourable autant que belle était son âme et que beau était son visage, voulut elle-même recevoir la bonne vieille. Et elle lui offrit à manger et à boire, et lui présenta un plateau de porcelaine garni de beaux fruits, de pâtisseries, de confitures sèches et de confitures dans leur jus. Après quoi elle l’emmena dans ses jardins, sachant qu’il est toujours profitable de tenir compagnie aux personnes d’expérience, et d’entendre les paroles de sagesse.

Et elles se promenèrent ensemble dans les jardins. Et Farizade au sourire de rose soutenait les pas de la bonne vieille. Et, arrivées toutes deux sous le plus bel arbre des jardins, Farizade la fit asseoir à l’ombre de ce bel arbre. Et, de discours en discours, elle finit par demander à la vieille ce qu’elle pensait du lieu où elle était, et si elle le trouvait à son gré.

Alors la vieille, après avoir réfléchi une heure de temps, leva la tête et répondit ; « Certes, ô ma maîtresse, j’ai passé ma vie à parcourir les terres d’Allah en large et en long, et jamais je ne me suis reposée en un lieu plus délicieux. Mais, ô ma maîtresse, de même que tu es unique sur la terre, comme la lune et le soleil le sont dans le ciel, de même je voudrais que tu eusses dans ce beau jardin, afin qu’il fût également unique en son espèce, les trois choses incomparables qui lui manquent ! » Et Farizade au sourire de rose fut extrêmement étonnée de savoir que trois choses incomparables manquaient à son jardin, et dit à la vieille : « De grâce, ma bonne