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farizade au sourire de rose
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viteur, ne lui accorda sa demande, qu’avec beaucoup de regret. Et il ne le laissa partir qu’après lui avoir fait don d’un magnifique domaine, à proximité de la ville, avec de grandes dépendances en terres labourables, en bois et en prairies, avec un palais richement meublé, avec un jardin d’un art parfait tracé par l’intendant lui-même, et avec un parc d’une vaste étendue enclos de hautes murailles et peuplé d’oiseaux de toutes couleurs et d’animaux sauvages ou apprivoisés.

Et ce fut là que cet homme de bien alla vivre dans la retraite, avec ses enfants adoptifs. Et c’est là qu’entouré de leurs soins affectueux, il trépassa dans la paix de son Seigneur. Qu’Allah l’ait en sa compassion ! Et il fut pleuré par ses enfants adoptifs, comme jamais père véritable ne fut pleuré. Et il emporta avec lui, sous la pierre qui ne s’ouvre pas, le secret de leur naissance, que d’ailleurs il n’avait qu’imparfaitement connu de son vivant.

Et ce fut dans ce domaine merveilleux que continuèrent à vivre les deux adolescents, en compagnie de leur jeune sœur. Et, comme ils avaient été élevés dans la sagesse et la simplicité, ils n’avaient guère d’autre rêve ou d’autre ambition que de continuer, durant toute leur existence, à vivre dans cette union parfaite et dans ce bonheur tranquille.

Or, Farid et Farouz allaient souvent à la chasse dans les bois et les prairies qui entouraient leurs domaines. Et Farizade au sourire de rose aimait surtout à parcourir ses jardins. Et un jour, comme elle se disposait à s’y rendre, selon son habitude, ses esclaves vinrent lui dire qu’une bonne vieille, au