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les mille nuits et une nuit

boutons de rose éclos sur ses lèvres vermeilles.

C’est pourquoi tous ceux qui l’approchaient, ainsi que son père, sa mère et ses frères, ne pouvaient s’empêcher, quand ils l’appelaient par son nom, disant : « Farizade ! » d’ajouter : « au sourire de rose ! » mais le plus souvent on l’appelait tout simplement « Au sourire de rose ».

Et tous s’émerveillaient de sa beauté, de sa sagesse, de sa douceur, de sa dextérité dans les exercices, quand elle montait à cheval pour accompagner ses frères à la chasse, tirer de l’arc, et lancer la canne ou le javelot ; de l’élégance de ses manières, de ses connaissances de la poésie et des sciences secrètes, et de la splendeur de sa chevelure qui était d’or d’un côté et d’argent de l’autre. Et, de la voir si belle à la fois et si parfaite, les amies de sa mère pleuraient d’émotion.

Et c’est ainsi qu’avaient grandi les nourrissons de l’intendant des jardins du roi. Et lui-même, entouré de leur affection et de leur respect, et les yeux rafraîchis par leur beauté, ne tarda pas à entrer dans l’extrême vieillesse. Et son épouse, ayant vécu son lot de vie, le précéda bientôt dans la miséricorde du Rétributeur. Et cette mort fut pour eux tous une cause de tant de regrets et de chagrin, que l’intendant ne put se résoudre à habiter plus longtemps la maison où la défunte avait été la source de leur sérénité et de leur bonheur. Et il alla se jeter aux pieds du sultan, et le supplia d’avoir pour agréable qu’il se démît, entre ses mains, des fonctions qu’il remplissait depuis de si longues années. Et le sultan, fort peiné de l’éloignement d’un si fidèle ser-