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les mille nuits et une nuit

MAIS LORSQUE FUT
LA HUIT CENT HUITIÈME NUIT

Elle dit :

« … Certes, ô crieur, il faut, par Allah ! que ce tapis, pour valoir un tel prix, soit admirable par quelque endroit que j’ignore ou que je ne distingue pas ! » Et le crieur dit : « Tu l’as dit, seigneur ! Sache, en effet, que ce tapis est doué d’une vertu invisible qui fait qu’en s’y asseyant on est aussitôt transporté où l’on souhaite aller, et avec une rapidité telle qu’on n’a pas le temps de fermer un œil et d’ouvrir l’autre ! Et aucun obstacle n’est capable d’arrêter sa marche, car devant lui la tempête s’éloigne, l’orage fuit, les montagnes et les murailles s’entr’ouvrent, et les cadenas les plus solides deviennent par là même inutiles et vains. Et telle est, ô mon seigneur, la vertu invisible de ce tapis de prière ! »

Et le crieur, ayant ainsi parlé, sans ajouter un mot de plus commença à plier le tapis comme pour s’en aller, quand le prince Ali, à la limite de la joie, s’écria : « Ô crieur de bénédiction, si vraiment ce tapis est aussi vertueux que tes paroles me le font entendre, je suis prêt à te payer non seulement les quarante mille dinars d’or que tu demandes, mais mille autres encore en cadeau pour toi, comme courtage ! Seulement, il faut que je voie avec mon œil et