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les mille nuits et une nuit

résultat des couches de la sultane, et le sultan Khosrou Schah, à cette nouvelle, vit le monde noircir devant son visage ; et, à la limite du chagrin, il alla s’enfermer dans ses appartements, refusant de s’occuper des affaires du règne. Et la sultane fut plongée dans l’affliction, et son âme fut humiliée et son cœur fut broyé.

Quant au nouveau-né, il fut abandonné par ses tantes dans la corbeille, au courant de l’eau du canal qui passait au pied du palais. Et le sort voulut que l’intendant des jardins du sultan, qui se promenait le long du canal, aperçût la corbeille qui flottait au fil de l’eau. Et il attira la corbeille vers le bord du canal, à l’aide d’une bêche, l’examina, et découvrit le bel enfant. Et il fut dans l’étonnement qu’éprouva la fille de Pharaon en voyant Moïse dans les roseaux.

Or, il y avait de longues années que l’intendant des jardins était marié et souhaitait avoir un enfant ou deux ou trois, qui béniraient leur Créateur. Mais ses vœux et ceux de son épouse n’avaient point jusqu’alors été pris en considération par le Très-Haut. Et ils souffraient tous deux du stérile isolement où ils vivaient. Aussi, quand l’intendant des jardins eut fait la découverte de cet enfant, dont la beauté était sans pareille, il le prit dans la corbeille et, à la limite de la joie, il courut jusqu’au bout du jardin, où se trouvait sa maison, et entra dans l’appartement de sa femme, et, d’une voix émue, lui dit : « La paix sur toi, ô fille de l’oncle ! Voici le don du Généreux en ce jour béni ! Que cet enfant que je t’apporte soit notre enfant, comme il est l’enfant du destin. » Et il lui raconta comment il l’avait trouvé