Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
les mille nuits et une nuit

et entendaient. Mais, craignant de se faire remarquer, ils se décidèrent à s’éloigner sans en apprendre davantage. Et Khosrou Schah, amusé à l’extrême, sentit naître en son âme le désir de satisfaire les trois souhaits ; et, sans rien communiquer de son dessein à son compagnon, il lui donna l’ordre de bien remarquer la maison afin d’y venir, le lendemain, prendre les trois jeunes filles et de les lui amener au palais. Et le vizir répondit par l’ouïe et l’obéissance, et se hâta, le lendemain, d’exécuter l’ordre du sultan, en amenant les trois sœurs en sa présence.

Et le sultan, qui était assis sur son trône, leur fit avec la tête et les yeux un signe qui voulait dire : « Approchez ! » Et elles s’approchèrent toutes tremblantes, en trébuchant dans leurs pauvres robes de toile ; et le sultan leur dit, avec un sourire de bonté : « Que la paix soit sur vous, ô jeunes filles ! C’est aujourd’hui le jour de votre destinée, et celui où s’accomplira votre souhait ! Et ce souhait, ô jeunes filles, je le connais : car rien ne reste caché aux rois ! Et d’abord toi, la plus âgée, ton souhait sera exaucé, et le pâtissier-chef deviendra, aujourd’hui même, ton époux. Et toi, la seconde, tu auras pour époux mon cuisinier-chef ! » Et le roi s’arrêta, ayant ainsi parlé, et se tourna vers la plus jeune qui, émue à l’extrême, sentait son cœur s’arrêter, et était sur le point de s’affaisser sur les tapis. Et il se leva sur ses deux pieds et, lui prenant la main, il la fit asseoir près de lui sur le lit du trône, en lui disant : « Tu es la reine ! Et ce palais est ton palais, et je suis ton époux ! »