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les mille nuits et une nuit

il regarda au dedans. Et il aperçut, autour d’une lumière, assises sur une natte, trois jeunes filles qui, leur repas terminé, s’entretenaient. Et ces trois jeunes filles, qui se ressemblaient comme se ressemblent des sœurs, étaient parfaitement belles. Et la plus jeune était visiblement, et de beaucoup, la plus belle.

Et la première disait : « Moi, mes sœurs, mon souhait, puisqu’il s’agit de faire un souhait, serait de devenir l’épouse du pâtissier du sultan. Car vous savez combien j’aime les pâtisseries, surtout ces admirables et délicates et délicieuses bouchées feuilletées, qu’on appelle « bouchées du sultan ». Et il n’y a que le pâtissier-chef du sultan pour les réussir à point ! Ah ! mes sœurs, c’est alors que vous me jalouserez dans votre cœur, en voyant combien ce régime de fines pâtisseries arrondira mes formes de graisse blanche, et m’embellira, et me reposera le teint ! »

Et la seconde disait : « Moi, mes sœurs, je ne suis pas aussi ambitieuse. Je me contenterais, simplement, de devenir l’épouse du cuisinier du sultan. Ah ! comme je le souhaite ! Cela me permettrait de satisfaire mes envies rentrées, depuis le temps que je désire goûter à tant de mets extraordinaires, comme on n’en mange qu’au palais seulement ! Il y a surtout, entre autres choses, ces plateaux de concombres farcis et cuits au four, dont, rien qu’à les voir passer sur la tête des porteurs, aux jours des festins donnés par le sultan, je me sens le cœur tout plein d’émoi ! Ô ! Ce que j’en mangerais ! Toutefois, je n’oublierai pas de vous convier, de temps à autre,