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le diwân des facéties… (les aiguillettes…)
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rien ne servait de rien, elle dit : « Ô mon maître, je crois bien que tu ne sais pas pourquoi l’enfant-de-son-père ne veut pas se réveiller ! » Il dit ; « Non par Allah ! je ne sais pas ! » Elle dit : « Parce que précisément son père est noué quant à ses aiguillettes ! » Il demanda : « Et comment, ô perspicace, doit-on faire pour guérir le nouement de ces aiguillettes-là ! » Elle dit : « Ne t’en préoccupe pas. Je sais m’y prendre ! » Et elle se leva à l’heure et à l’instant, prit de l’encens mâle et, le jetant dans un brûle-parfums, se mit à faire des fumigations à son époux, comme on en fait sur le corps des morts, en disant : « Qu’Allah réveille les morts ! Qu’Allah réveille les endormis ! » Et, cela fait, elle prit une cruche remplie d’eau, et se mit à arroser l’enfant-de-son-père, comme on fait pour les corps des morts avant de les couvrir du linceul. Et l’ayant ainsi baigné, elle prit un foulard de mousseline et en recouvrit l’enfant endormi comme on recouvre les morts du linceul. Et, ayant accompli toutes ces cérémonies préparatoires d’un ensevelissement, qu’elle faisait par simulacre, elle appela les nombreuses esclaves que le sultan avait mises à son service et à celui de son époux, et leur montra ce qu’elle leur montra du pauvre fruitier qui était étendu immobile, le corps à moitié recouvert du foulard, et enveloppé par un nuage d’encens. Et, à cette vue, les femmes, poussant des cris d’hilarité et des éclats de rire, s’enfuirent à travers le palais, en racontant ce qu’elles venaient de voir à toutes celles qui n’avaient pas vu.

Or le matin, le sultan, levé de meilleure heure