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les mille nuits et une nuit

toi ! » Et, parlant ainsi, il tourna le dos et livra ses jambes au vent, se fiant à la Mère-de-la-Sûreté. Et le Coq lui cria : « Hé, là ! hé, là ! mon frère, je descends, je descends ! Pourquoi ne m’attends-tu pas ! » Et le Renard dit : « C’est que, vois-tu, j’ai une grande antipathie pour le chien lévrier, qui n’est ni de mes amis ni de mes relations ! » Et le Coq reprit : « Mais, ô visage de bénédiction, ne m’as-tu pas dit à l’instant que tu venais en commissaire et en héraut de la part de nos souverains, pour proclamer le décret de la paix universelle, décidée dans l’assemblée plénière des représentants de nos tribus ? » Et le Renard répondit de fort loin : « Oui, certes ! oui, certes ! ô mon frère Coq, seulement ce lévrier entremetteur — qu’Allah le maudisse ! — s’était abstenu d’aller au congrès, et sa race n’y avait point envoyé de représentant, et son nom n’a point été prononcé lors de la proclamation des tribus adhérentes à la paix universelle. Et c’est pourquoi, ô Coq plein de tendreté, il y a toujours inimitié entre ma race et la sienne, et aversion entre mon individu et le sien ! Et Qu’Allah te conserve en bonne santé, jusqu’à mon retour ! »

Et le Renard, ayant ainsi parlé, disparut au loin. Et le Coq échappa de la sorte aux dents de son ennemi, grâce à sa finesse et à sa sagacité. Et il se hâta de descendre du haut du mur et de regagner la ferme, en glorifiant Allah qui le ramenait en sécurité dans sa basse-cour. Et il s’empressa de raconter à ses épouses et à ses voisins le bon tour qu’il venait de jouer à leur ennemi héréditaire. Et tous les coqs de la basse-cour lancèrent dans l’air