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FARIZADE AU SOURIRE DE ROSE


Il m’est revenu, ô Roi fortuné, ô doué de bonnes manières, qu’il y avait aux jours d’autrefois, il y a bien longtemps de cela, — mais Allah est le seul savant, — un roi de Perse nommé Khosrou Schah, que le Rétributeur avait doué de puissance, de jeunesse et de beauté, et dans le cœur duquel il avait mis un tel sentiment de justice que, sous son règne, le tigre et le chevreau marchaient côte à côte et buvaient au même ruisseau. Et ce roi, qui aimait à se rendre toujours compte, par ses propres yeux, de tout ce qui se passait dans la ville de son trône, avait coutume de se promener la nuit, déguisé en marchand étranger, en compagnie de son vizir ou de l’un des dignitaires de son palais.

Or, une nuit, comme il se trouvait en tournée dans un quartier de pauvres gens, il entendit, en passant par une ruelle, de jeunes voix qui se faisaient entendre tout au fond. Et il s’approcha, avec son compagnon, de l’humble demeure d’où venaient les voix, et, appliquant son œil à une fente de la porte,