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le diwân des facéties… (l’invitation…)
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désormais, sur toute l’étendue de la terre habitable, la sécurité, la fraternité et la paix devaient régner en maîtresses ; que l’affection, la sympathie, la camaraderie et l’amour devaient être les seuls sentiments permis entre les tribus des bêtes sauvages, des animaux domestiques et des oiseaux ; que l’oubli devait effacer les vieilles inimitiés et les haines de races ; et que le bonheur général et individuel était le but vers lequel devaient tendre tous les efforts. Et ils décidèrent que quiconque transgresserait cet état de choses, serait traduit sans retard devant le tribunal suprême, et jugé et condamné sans recours. Et ils me nommèrent comme héraut du présent décret, et me chargèrent d’aller proclamer, par toute la terre, la décision de l’assemblée, avec ordre de leur rapporter les noms des récalcitrants, afin qu’ils fussent punis suivant la gravité de leur rébellion. Et c’est pourquoi, ô mon frère Coq, tu me vois présentement au pied de ce mur où tu es perché, car c’est moi, en vérité, moi avec mon propre œil, moi et non pas un autre, qui suis le représentant, le commissionnaire, le héraut et le chargé de pouvoirs de nos seigneurs et suzerains. Et c’est pourquoi, tout à l’heure, je t’ai abordé avec le souhait de paix et les paroles de l’amitié, ô mon frère ! »

Tout cela ! Mais le Coq, sans plus guère prêter attention à toute cette éloquence que s’il ne l’entendait pas, continuait à regarder au loin d’un air indifférent et avec des yeux arrondis et vagues qu’il fermait de temps en temps, en dodelinant de la tête. Et le Renard, dont le cœur brûlait du désir de broyer