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les mille nuits et une nuit

reniflant et en jappant. Mais, voyant qu’il n’y avait pas moyen de grimper jusqu’au volatile de son désir, il leva la tête vers lui et lui dit : « La paix sur toi, ô visage de bon augure, ô mon frère, ô charmant camarade ! » Mais Voix-de-l’Aurore ne lui rendit pas son salam et ne voulut même pas le regarder. Et le Renard, voyant cela, lui dit : « Ô mon ami, ô tendre, ô beau, pourquoi ne veux-tu point me favoriser d’un salut ou d’un regard, alors que je désire tellement t’annoncer une grande nouvelle ? » Mais le Coq déclina par son silence toute avance et toute courtoisie, et le Renard reprit : « Ah ! mon frère, si tu savais seulement ce que je suis chargé de t’annoncer, tu descendrais au plus vite m’embrasser et me baiser sur la bouche ! » Mais le Coq continuait à feindre l’indifférence et la distraction ; et, sans rien répondre, il regardait au loin avec des yeux ronds et fixes. Et le Renard reprit : « Sache donc, ô mon frère, que le sultan des animaux, qui est le seigneur Lion, et le sultan des oiseaux, qui est le seigneur Aigle, viennent de se donner rendez-vous au milieu d’une verdoyante prairie, agrémentée de fleurs et de ruisseaux, et ont rassemblé autour d’eux les représentants de toutes les bêtes de la création, les tigres, les hyènes, les léopards, les lynx, les panthères, les chacals, les antilopes, les loups, les lièvres, les animaux domestiques, les vautours, les éperviers, les corbeaux, les pigeons, les tourterelles, les cailles, les perdrix, les volailles et tous les oiseaux. Et nos deux suzerains, quand les représentants de tous leurs sujets furent entre leurs mains, proclamèrent, par décret seigneurial, que