qu’il les lègue à qui veut les prendre, et qu’il n’est plus responsable des malheurs qu’elles occasionneront dans l’avenir ! » Et, ayant ainsi parlé, il jeta les babouches au milieu de la salle des séances, et s’enfuit pieds nus, tandis que tous les assistants, à force de rire, tombaient sur leurs derrières. — Mais Allah est plus savant !
— Et Schahrazade, sans s’arrêter, raconta encore :
Il m’est parvenu que le khalifat Haroun al-Rachid avait, vivant avec lui dans son palais, un bouffon chargé de le divertir dans ses moments d’humeur sombre. Et ce bouffon s’appelait Bahloul le Sage. Et le khalifat, un jour, lui dit : « Ya Bahloul, sais-tu le nombre de fous qu’il y a dans Baghdad ? » Et Bahloul répondit : « Ô mon seigneur, la liste en serait un peu longue ! « Et Haroun dit ; « Je te charge de la faire. Et j’entends qu’elle soit exacte ! » Et Bahloul fit sortir de sa gorge un long rire. Et le khalifat lui demanda : « Qu’as-tu ? » Et Bahloul dit : « Ô mon seigneur, je suis ennemi de tout travail fatigant. C’est pourquoi, pour te satisfaire, je vais tout de suite dresser la liste des sages qu’il y a dans Baghdad ! Car c’est là un travail qui me demandera à peine le temps de boire une gorgée d’eau. Et par cette liste,