Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 12, trad Mardrus, 1903.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

le travail de la forge. Et cinq autres années s’écoulèrent, durant lesquelles, du matin au soir, le disciple tira la corde du soufflet, sans répit, et sans que personne lui adressât une seule fois la parole. Mais si quelqu’un d’entre les disciples avait besoin d’être éclairé sur une question de n’importe quel domaine, il lui était loisible d’écrire la demande et de la présenter au maître, le matin, en entrant dans la forge. Et le maître, sans jamais lire l’écrit, le jetait au feu de la forge ou bien le mettait dans les plis de son turban. S’il jetait l’écrit au feu, c’est, sans doute, que la demande ne valait pas une réponse. Mais si le papier était placé dans le turban, le disciple qui l’avait présenté trouvait, le soir, la réponse du maître écrite en caractères d’or sur le mur de sa cellule.

Lorsque les dix années furent écoulées, le vieux forgeron s’approcha du jeune homme et lui toucha l’épaule. Et le jeune homme, pour la première fois depuis dix années, lâcha la corde du soufflet de forge. Et une grande joie descendit en lui. Et le maître lui parla, disant : « Mon fils ! tu peux retourner vers ton pays et ta demeure, avec toute la science du monde et de la vie dans ton cœur. Car tout cela tu l’as acquis en acquérant la vertu de patience ! »

Et il lui donna le baiser de paix. Et le disciple s’en retourna illuminé dans son pays, au milieu de ses amis ; et il vit clair dans la vie.


— Et le roi Schahriar s’écria : « Ô Schahrazade, que