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les mille nuits et une nuit

ensemble, sans qu’il en résulte d’incommodité ni pour l’un ni pour l’autre. Or mon mari, je le sais, viendra me consulter là-dessus, et je le confirmerai dans ce projet. Et lorsque nous en serons là, Allah se chargera du reste ! » Et le jeune Kamar répondit : « Ouïr c’est obéir ! » Et il lui jura de se conformer à tous ses désirs, et, pour sceller son serment, il fit avec elle une répétition, en fait de régimes, encore plus détaillée que la première. Et certes ! cette nuit-là, le bâton du pèlerin fonctionna avec zèle sur le chemin aplani déjà par la première marche du cavalier.

Cela fait, Kamar, sur le conseil de son amoureuse, alla s’étendre auprès du joaillier, comme si rien ne se fût passé. Et le matin, lorsque le joaillier fut réveillé par la poudre antidote, Kamar voulut prendre congé de lui, selon sa coutume. Mais il le retint de force, et l’invita à revenir encore partager avec lui le repas du soir. Et Kamar n’oublia pas la recommandation de son amoureuse, et ne voulut point accepter l’invitation du joaillier ; mais il lui fit part du plan qui avait été concerté, et lui dit que c’était le seul moyen de ne point se déranger l’un l’autre désormais. Et le vieux joaillier répondit : « Il n’y a pas d’inconvénient ! » Et, sans plus tarder, il se leva et alla louer la maison contiguë à la sienne, la meubla richement et y installa son jeune ami. Et, de son côté, l’experte Halima prit soin, en grand secret, de faire pratiquer dans le mur de séparation une ouverture qui se trouvait cachée des deux côtés par une armoire.

Aussi, le lendemain, Kamar fut extrêmement