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histoire de kamar et de l’experte halima
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de chocs en aller et de chocs en retour, que cette nuit-là fut par excellence la nuit du coq ! Louanges à Allah qui donne les ailes au premier vol des oiseaux, qui fait danser le chevreau dès sa naissance, qui fait se développer le cou du jeune lion, qui fait bondir le fleuve à sa sortie du rocher, et qui met dans le cœur de Ses Croyants un instinct invincible et beau comme le chant du coq dans l’aurore !

Lorsque l’experte Halima eut, au moyen de ce vaillant jouteur frais éclos de l’œuf, apaisé l’ardeur qui la consumait, elle lui dit, entre mille caresses : « Sache, ô fruit de mon cœur, que je ne saurais plus me passer de toi. C’est pourquoi il ne faut pas croire qu’une ou deux nuits, une ou deux semaines, un ou deux mois, une ou deux années me suffiront ! Je veux passer ma vie tout entière avec toi, en abandonnant le vieil époux si laid, et en te suivant dans ta patrie. Écoute-moi donc, et, si tu m’aimes et si l’expérience de cette nuit te convient, fais ce que je vais te dire. Voici ! Si mon vieil époux t’invite encore une fois, réponds-lui : « Par Allah, mon oncle, Ibn-Adam est fort pesant de sa nature, et il a le sang bien lourd ! Et quand il réitère les visites chez autrui, il fait se dégoûter de lui les riches aussi bien que les pauvres ! Excuse-moi donc de ne pouvoir accepter ta gracieuse offre, car je craindrais de commettre une indiscrétion en te retenant ainsi trois ou quatre nuits de suite hors de ton harem ! » Et, lui ayant ainsi parlé, tu le prieras de te louer une maison dans le voisinage de la nôtre, sous prétexte que vous pourrez ainsi tous les deux vous voir commodément et passer tour à tour une partie de la nuit