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les mille nuits et une nuit

répondit : « Sur la tête et sur l’œil ! » et s’en retourna au khân où il logeait. Et voilà pour lui.

Quant à la jeune Halima, elle demanda à son époux, le vieux joaillier, quand il alla la trouver au harem : « Comment t’es-tu comporté à l’égard du jeune étranger, ton hôte ? » Il répondit : « Avec toutes les prévenances et tous les égards, ô une telle ! Mais il a dû passer une fort mauvaise nuit, car les moustiques l’ont piqué avec acharnement ! » Elle dit : « C’est bien de ta faute, puisque tu ne l’as pas fait dormir sous la moustiquaire. Mais la nuit prochaine il sera, sans doute, moins incommodé. Car j’espère bien que tu vas l’inviter encore une fois. Et c’est le moins que tu puisses faire envers lui pour reconnaître toutes les marques de générosité dont il t’a comblé ! » Et le joaillier ne put répondre que par l’ouïe et l’obéissance, d’autant plus que, lui également, il ressentait une grande affection pour l’adolescent.

Aussi, lorsque Kamar vint à la boutique, il ne manqua pas de l’inviter, et tout se passa cette nuit-là comme la précédente, malgré la moustiquaire. Car toute la nuit, une fois que la boisson assoupissante eut produit son effet, la jeune Halima, plus chaude que jamais, ne cessa de s’agiter et de se mouvoir, à califourchon sur le jeune coq endormi, d’une manière encore plus extraordinaire que la première fois. Et lorsque le jeune Kamar, au matin, grâce à la poudre soufflée dans ses narines, fut sorti de son lourd sommeil, il se sentit le visage brûlant et le corps tout meurtri des succions, des morsures et autres choses semblables de son ardente amou-